N’ayez pas peur des Générations « Y »

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Je m’appelle Théo Bayssat et je suis stagiaire chez Halifax Consulting depuis maintenant 3 mois.
Nicolas Caron et Frédéric Vendeuvre m’ont demandé d’écrire un article sur ma génération, la génération Y.
Il paraît que beaucoup de managers se posent des questions à notre sujet… Il paraît même qu’il y en a qui ne savent pas comment s’y prendre pour nous manager…
Alors bien sûr, comme je suis engagé et motivé par Halifax et son projet j’ai accepté avec plaisir (ok ça c’est un peu too much, mais bon, j’ai encore 3 mois de stage! )
Via cet article je vais livrer ma vision de la génération Y, une vision fondée sur mon vécu et mes impressions. Il faut noter que je me suis inspiré d’un certains nombre d’ouvrages tels que l’étude de Blessing White de 2011 sur l’engagement des salariés, ou le livre de « Manager la génération Y avec les neurosciences » de Dominique Sappey-Marinier et Alan Fustec.

Génération ou Généralisation Y ?

Ils sont nés entre 1980 et 1994, ils sont sur qualifiés, irrespectueux, déconcentrés, individualistes, veuillez accueillir la génération Y ! Je trouve le cliché un peu  fort…
A mon avis, si on veut vraiment s’intéresser  au management des « Yers », il faut tout d’abord mettre de coté les préjugés faux et infondés sur les générations. Parce que « parler en général d’une génération », c’est oublier qu’elle est composée d’individualités ayant leurs propres caractères, motivations et objectifs. Stéréotypes vade retro !
Comme l’a souligné Catherine Glee, (à l’occasion d’une conférence sur le sujet) une génération, ce sont d’abord des hommes et femmes « qui ont vécu les mêmes choses ». Ils ont donc un historique commun particulièrement frappant. C’est pourquoi on peut admettre qu’ils peuvent avoir des caractéristiques similaires, tout en gardant leurs singularités.
Ainsi, afin d’extrapoler certaines caractéristiques objectives sur la génération Y, il convient de se demander… qu’ont ils vécu ensemble? Eh bien la liste ci dessous vous fera comprendre pourquoi certains parlent aussi de génération galère….
o    Les relations sexuelles protégées
o    Le 11 Septembre
o    2 crises mondiales
o    La guerre en Irak
o    Taux de chômage élevé, encore plus pour les -25 ans
o    Hausse du coût de la vie et difficultés énormes pour se loger
o    L’explosion d’Internet
o    70% d’une classe d’âge jusqu’au bac
o    Mise en place de l’entreprise 2.0
Si l’on fait la somme de tout cela, ce n’est pas très euphorique, franchement ! On a connu des évènements tragiques, des crises et cela a certainement des conséquences sur notre comportement face à des collaborateurs, une hiérarchie, un manager, des acheteurs. Ces conséquences peuvent êtres positives, négatives…mais ne méritent sans doute pas qu’on nous classe directement et indistinctement dans la génération des « petits cons » qui ne respectent rien… La vérité est un peu plus complexe.

Je vous propose de passer en revue les qualités souvent oubliées et les défauts plus ou moins fondés des « Yers » avant de vous proposer quelques pistes pour nous manager ! …

Des qualités souvent oubliées

Souples

La première qualité qu’il faut  bien nous accorder est la souplesse. C’est une génération du changement qui a une capacité d’adaptation hors-norme. Conscients de la situation médiocre de l’emploi, les jeunes doivent pouvoir changer de boite comme de chemise et être productifs et efficaces très rapidement. Aisance relationnelle, acclimatation rapide à l’entreprise, nous n’avons aucun mal à nous approprier les missions qui nous sont assignées.

Qualifiés

Grâce à l’augmentation de la durée des études, les Y sont très qualifiés. Selon l’INSEE, la moyenne de durée d’étude a doublé en 50 ans ! Ils ont donc une certaine intelligence théorique, peut être même supérieure à celle de beaucoup de leurs ainés au même âge.  Évidemment, on parle  souvent de surqualification par rapport aux activités demandées.

Internationaux

Nés pendant l’expansion de l’Europe et d’une économie mondialisée, la maitrise de 2 voire 3 langues et devenue indispensable et les Yers le savent ! Via les médias sociaux, les voyages ou les semestres d’études à l’étranger, ils connaissent bien les codes et les problématiques des relations interculturelles. C’est un atout !

Informés

Les Yers maitrisent  parfaitement Internet et ses outils. Ainsi, ils connaissent tout de leur patron avant de le rencontrer, ce qui change la donne !  Ils connaissent les fondamentaux de l’entreprise qui les emploie, les concurrents, les produits etc. Ils ont accès à une immensité d’informations, bien plus que les générations précédentes.

Collaboratifs

Les jeunes de la génération Y ont été les premiers à utiliser les réseaux sociaux. Ils gèrent depuis leur adolescence des listes d’amis sur Facebook, Twitter et autres… Ils savent donc parfaitement animer leur réseau, en virtuel ou en face à face. Ils sont sociables et savent parfaitement s’intégrer dans un groupe. Idéal pour travailler en équipe !

Communicants

Également grâce à Internet et aux réseaux sociaux, ils ont appris à donner leur avis sur tout, parfois à tort ! Les blogs coulent à flot sur le net. Ils partagent des photos, des vidéos, mais également des points de vue. Ils aiment participer à la prise de décision et en parler.

 

Des défauts plus ou moins fondés

On entend de tout : génération têtes à claques, individualistes, zappeurs, désengagés, cyniques, consuméristes, rebelles, feignants, bons à rien et irrespectueux…

Déjà en 400 avant J.C., Socrate remarquait que « nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge ».

Je pense qu’il y a une confusion entre les défauts que l’on attribue automatiquement aux jeunes générations (les Y ont 20-30ans) et les vrais défauts de ma génération.  En tout cas je suis certain que nous sommes loin de correspondre au tableau noir qui est parfois dressé à notre égard.

Irrespectueux

De nombreux managers considèrent les jeunes de la génération Y comme des « petits cons qui n’ont pas le sens de la hiérarchie » . Personnellement, je crois que c’est très exagéré même si effectivement, la génération Y a un rapport plus horizontal avec la hiérarchie.  Les Baby boomers ou les « Xers » ne se posaient pas la question de la crédibilité du chef, eux si. Lorsqu’ils ne sont pas d’accord, ils n’hésitent pas à le faire savoir. De là nous considérés comme systématiquement irrespectueux…

Individualistes

Certains raccourcis sont également pris sur ce terme ! Les Yers ne sont pas individualistes dans le sens « ils ne pensent qu’à eux ». Ils sont individualistes car ils veulent être considéré à part entière en tant que personnes par les autres générations. Ils cherchent une reconnaissance afin de s’épanouir au sein de groupes. Ils ne sont en aucun cas égoïstes, c’est pour cela qu’on les appelle également la génération MeWe (moi-nous).

Feignants

Tous les jeunes ont toujours été et sont considérés comme feignants ! Le sont-ils plus que les autres ? (plus que leurs managers au même âge ?).

Je ne crois pas. Là encore, la différence est peut être plus dans ce qui est exprimé. Le « Yer » n’a aucune envie de perdre sa vie à la gagner et il le dit avec moins de pudeur que ses aînés. Le travail doit être une source de plaisir et de développement personnel. S’il aime ce qu’il fait, il travaillera d’autant plus ! S’il ne trouve pas de sens dans son travail, il deviendra rapidement feignant et changera de job à la première occasion. Logique non ?

Désengagés 

La dernière étude de blessing white est claire la dessus. Les jeunes européens de la génération Y s’engagent moins dans leurs entreprises que leurs ainés les baby boomers.  Seulement 27% d’entre nous s’impliquent, et 24% sont totalement désengagés. Aïe!  ça fait mal !

Effectivement les Yers ont un rapport plus nomade avec les entreprises avec lesquels ils travaillent. Ils sont pragmatiques et prudents car ils ont conscience que celle-ci peut s’écrouler à tout moment. (une nouvelle crise est si vite arrivée !).

Néanmoins, je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils ne s’impliquent pas dans ce qu’ils font, bien au contraire. Ils sont en quête de sens. S’ils savent pourquoi ils travaillent, où va l’entreprise, ils s’impliqueront  à fond. Cependant, ils ne le savent pas toujours assez et ils sont très impatients. Donc ils développent d’autant plus leur capacité d’adaptation qui leur permet de changer d’entreprise rapidement, si besoin…

Qualités souvent oubliées et défaut parfois non fondés, une chose est sûre, l’arrivée massive de la Gen  Y dans les entreprises soulève un problème de management.  A force de parler de Génération Y, on caricature et on accentue cette fracture générationnelle  qui « bloque » la communication, réduit l’implication des jeunes et fait peur aux managers.  Les entreprises en général et les managers en particulier ont un rôle à jouer afin que les Yers comprennent pourquoi ils travaillent. Et on veut comprendre maintenant.  Rappelez vous, nous voulons tout … et tout de suite !

 

Quelques premières pistes pour nous manager



Sans leur accorder une importance démesurée, il paraît donc logique de dire que les commerciaux de la génération Y ont des spécificités qui méritent d’être prises en compte en terme de management.

Connaître ces particularités aidera les managers à optimiser le travail et l’implication des jeunes commerciaux.

De toutes façons, c’est simple : Nous voulons tout et tout de suite !

Nous voulons du sens et du plaisir

La génération Y ne connaît pas le sens du mot « sacrifice ! ». Le travail est tout d’abord une source de plaisir et de développement personnel. Il est donc nécessaire de ressentir l’impact de son travail dans l’entreprise. Le travail au jour le jour du Y doit avoir un sens et un objectif, le contraire provoquerait un désengagement total. Le manager doit donc lui montrer vers où va l’entreprise… et pourquoi. De plus, les Yers accordent une importance non négligeable à des valeurs nouvelles tel que le développement durable, le commerce équitable et la responsabilité sociale.

  • Montrer la cathédrale que l’entreprise construit plutôt que le tas de cailloux à transporter
  • Parlez lui des objectifs de l’entreprise à court, à long terme… où va-t-on ? il se sentira impliqué
  • Répétez lui pourquoi il travaille
  • Il se pose des questions sur le fonctionnement de la boite, les acteurs clés, les tenants et aboutissants? Donnez lui des infos !

Nous voulons une autonomie structurée

Ils ont l’habitude de se gérer par eux même mais ils ne veulent pas travailler en totale liberté. Il doit y avoir une relation de confiance avec le manager tout en gardant un cadre structuré et clair.

  • Donnez lui (souvent) les résultats concrets de ses actions.
  • Aidez le à progresser

Nous voulons un rapport sain avec la hiérarchie

Ils n’entretiennent pas un respect inné pour la hiérarchie.  Un jeune de la génération Y respecte son manager à partir du moment où il perçoit et reconnaît ses compétences. C’est une relation beaucoup plus horizontale. Nous n’aimons pas non plus recevoir des ordres directs, il vaut mieux, comme il est précisé dans le livre « manager la génération Y avec les neurosciences », fonctionner par contrat.

  • Pour qu’il se sente bien dans l’entreprise, il doit apprendre à vous connaître en temps que personne. N’hésitez pas à discuter avec lui de vos ou de ses passions persos pendant les pauses dej’ ou en fin de réunion. Il s’intègrera d’autant plus !
  • Soyez bienveillant avec eux et entretenez une relation de confiance

Nous voulons des missions variées

Comme nous l’avons vu plus haut, les Yers travaillent par plaisir. Ils veulent avoir des missions variées afin de pouvoir s’épanouir dans différents domaines. Plus ces tâches seront variées, plus il sera motivé et enthousiaste !

  • Définissez avec lui des activités variées, avec des priorités à court, moyen et long terme, il sera ravi
  • Donnez lui de la viande et du poisson !

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Bon, je vais m’arrêter là, parce qu’avec les 36 missions que l’on m’a confiées, j’ai du boulot, alors j’y retourne (ici ils ont bien compris comment me manager).

Pour info, chez Halifax,  je suis le seul génération Y de la boite… J’espère le premier d’une longue série ! Je vais bientôt laisser ma place car dans 3 mois je serais parti, avec de supers souvenirs, tel un jeune nomade à la quête de plaisir et de nouveaux défis.

Au fait, n’ayez pas peur… nous les paierons vos retraites !

Allez, Bon business à tous !
Théo Bayssat


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